Le rôle du traducteur assermenté : une nomination judiciaire
Contrairement à ce que l’on entend parfois, il n’existe pas à proprement parler de titre officiel de « traducteur assermenté ». Le terme exact est expert judiciaire dans la spécialité « traduction en langue X », tel que défini par la justice française.
La désignation est faite par les Cours d’appel, qui sélectionnent chaque année un nombre restreint de candidats, selon les besoins de la juridiction.
Il est possible d’être inscrit pour la traduction écrite, l’interprétation orale, ou les deux.
Certains estiment que l’on ne devrait traduire que vers sa langue maternelle. Ce principe, bien qu’enseigné dans les formations de traduction, n’est pas retenu par les juridictions françaises. En effet, une fois nommé, un expert est amené à traduire dans les deux directions linguistiques, sans distinction. Ainsi, un traducteur inscrit pour le chinois devra pouvoir traduire aussi bien du chinois vers le français que l’inverse.
Une sélection très rigoureuse
Chaque année, moins de 5 % des candidats sont retenus. Si votre dossier est rejeté, il ne faut pas se décourager : une nouvelle candidature l’année suivante est tout à fait envisageable.
Être expert judiciaire implique aussi certaines obligations :
- Répondre aux sollicitations de la justice, de la police ou des douanes,
- Intervenir parfois en garde à vue à des horaires imprévus, y compris la nuit (si vous postulez pour interprète assermenté),
- Accepter que les rémunérations soient lentes à arriver, à travers le système Chorus,
- Fournir chaque année un rapport d’activité.
Où et quand déposer sa candidature pour être traducteur assermenté ?
Les demandes doivent être adressées à la Cour d’appel dont dépend votre lieu de résidence pour les candidatures d’interprète et dans n’importe quelle Cour d’appel pour les candidatures de traducteur. Il en existe 29 en métropole (ex. Paris, Lyon, Bordeaux, Lille…), une en Corse (Bastia) et six dans les territoires d’outre-mer.
La démarche commence par le téléchargement du dossier de candidature sur le site web de votre Cour d’appel, souvent dans la rubrique « Partenaires de Justice > Experts > Traducteurs ».
La sélection se fait exclusivement sur dossier : aucun entretien n’est prévu. Il est donc essentiel de remplir chaque section avec rigueur.
À quel moment postuler ?
Vous pouvez préparer votre dossier à tout moment, mais sachez que l’étude des candidatures se fait une fois par an (vérifier les dates selon la Cour d’appel où vous souhaitez déposer votre candidature).
Quels sont les critères de sélection du traducteur assermenté ?
La commission d’évaluation se base sur huit critères principaux. En voici un aperçu.
- Nationalité française et casier judiciaire vierge
Ces deux éléments sont obligatoires et non négociables. - Besoins réels de la Cour d’appel
Avant toute chose, la Cour examine si elle a besoin de nouveaux experts dans la langue concernée. Vous pouvez consulter la liste des experts déjà nommés (disponible sur le site de chaque CA) pour estimer vos chances. - Langue rare ou peu représentée
Une langue moins courante peut augmenter vos chances, sans les garantir pour autant. - Niveau de diplôme
Les diplômes en langues, traduction ou domaines connexes sont un atout. Un master est souvent le niveau minimum attendu, mais des exceptions existent, notamment pour les langues rares. - Âge et maturité
Les jeunes candidats (moins de 35 ans) ont parfois moins de chances d’être retenus, la justice valorisant l’expérience. - Expérience professionnelle
Toute activité en lien avec la traduction ou l’interprétation, ainsi qu’un séjour prolongé à l’étranger, sont des points forts. - Formation en expertise judiciaire
Une formation spécifique à l’expertise est souvent attendue. Ces stages permettent de mieux comprendre le fonctionnement des juridictions, même si les compétences linguistiques restent le cœur du métier. - Recommandations et réseau
Une lettre de recommandation émanant d’un magistrat ou d’un professionnel reconnu peut jouer un rôle, sans pour autant être déterminante. Il ne s’agit pas de « piston », mais d’une forme de validation complémentaire.
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter cette page : https://lajusticerecrute.fr/metiers/expert-ou-experte-judiciaire